La grande maison
Je me souviens d’une grande maison
où j’allais quand j’étais petit garçon
Nous étions vingt-deux, vingt-trois,
tous ensemble, en ce temps-là.
Je me souviens d’un beau matin
où, écoutant passer les trains,
nous nous sommes pris à rêver
à des évasions incontrôlées.
Et si l’on partait tous d’ici
sans prévenir personne, sans un bruit ?
Et si l’on tentait notre chance,
tout jouer sur un pas de danse ?
Si l’on refaisait le monde aujourd’hui ?
Non, Maman, ne me gronde pas,
je serai là ce soir, je serai toujours là.
J’obéirai sagement mais tout au fond de moi,
je sens que mon âme est partie sans moi.
Le lendemain, la grande maison
retrouvait vingt petits garçons,
il en manquait bien deux ou trois,
qui disparurent ci et là !
Je me souviens d’un jour d’orage
où, observant le paysage,
nous nous sommes pris à rêver
à des balades tout mouillés.
Et si l’on partait tous d’ici
sans alerter personne, sans un cri ?
Et si l’on tentait l’aventure,
enfin mener une vie dure ?
Si l’on refaisait le monde aujourd’hui ?
Non, Maman, ne me gronde pas,
je serai là ce soir, je serai toujours là.
J’obéirai sagement mais tout au fond de moi,
je sens que mon âme est partie sans moi.
Un peu plus tard, la grande maison
n’abritait qu’un petit garçon.
Les autres étaient partis sans lui
n’avaient pas demandé merci.
Je me souviens d’un matin gris
où j’écoutais les clapotis
de la rivière juste à côté,
où je rêvais de naviguer.
Et si l’on partait tous d’ici
sans réveiller personne, pendant la nuit ?
Et si l’on défiait le destin,
que l’on jouait à tout ou rien ?
Si l’on refaisait le monde aujourd’hui ?
Non, Maman, ne me gronde pas,
je serai là ce soir, je serai toujours là.
J’obéirai sagement mais tout au fond de moi,
je sens que mon âme est partie sans moi.
Paroles et musique : Y. Fourneau
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